18/10/19

Sur la route des laves de Saint-Pierre à Saint-Benoît en rentrant par la Plaine des Palmistes

Aujourd'hui je prends la direction de la fameuse Route des Laves avec Ludovic un nouveau membre Servas qui vient d'arriver sur l'île. Ludovic a quitté son travail il y a 3 ans et depuis il a voyagé d'abord en France métropolitaine puis au Groenland, en Islande , en Europe et au Mexique. Né à la réunion, c'est tout bébé qu'il l'a quitté avec sa famille pour vivre en métropole. Désormais il souhaiterait s'y installer. Un retour aux sources en quelque sorte. Passionné de plongée sous-marine, il est instructeur et exerce cette activité au cours de ses déplacements à l'étranger. Prochain départ : Nossi bé à Madagascar à la mi-novembre où il va donner des cours pendant 1 mois et demi. 

Nous voilà partis Ludo et moi sur la route des laves. Il s'agit de la section de la route nationale 2 entre le centre ville de Sainte-Rose et celui de Saint-Philippe, en particulier lorsqu'elle traverse le Grand Brûlé, soit la partie côtière de la dernière caldeira volcanique formée par le piton de la Fournaise, l'Enclos Fouqué.

Mais avant d'arriver sur la route des Laves, nous avons fait plusieurs arrêts pour découvrir d'autres paysages. Le premier arrêt était peu avant Saint-Joseph sur un point de vue sur la "plage" de Manapany-les-Bains, si je puis dire, car ce village n'a pas vraiment de plage mais plutôt une grande piscine naturelle.

Puis nous avons repris la RN2, traversé la Rivière des Remparts à Saint-Joseph, pris la direction du Débarcadère et nous nous sommes arrêtés à la Pointe Langevin. 

 

 Le débarcadère

 

 

Nous avons commencé à marcher sur d'anciennes coulées de lave...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 ... puis rapidement nous avons suivi un sentier parsemé d'épines de filaos.

 

 

 

Sentier de filaos

 

 

 

 

 

 

 

 

 Plante manioc marron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après nous avons filé vers la Pointe de la Table après Saint-Philippe. 

 

 

 

 

Cette coulée de 1986, spectacle apocalyptique, est restée imprimée dans les mémoires. Cette année-là, les laves du piton de la Fournaise sont sorties de leur enclos pour entrouvrir la terre, l'entailler, l'avaler, avant de se glisser dans la mer. Tout commence le 18 mars, lorsqu'une première éruption surgit à 1 780 m d'altitude, descendant sur 600 m avant de se stabiliser, au lieu-dit des Trois-Frères. Deux jours plus tard, une nouvelle éruption hors enclos, au-dessus du piton de Takamaka, éclate à seulement 1 000 m d'altitude. Une coulée traverse la route nationale dans l'après-midi, et une autre emporte 8 maisons sur son passage, encerclant une école. Personne ne se trouve à l'intérieur, bien sûr (aucune éruption de la Fournaise n'a été meurtrière) : les coulées sont lentes (de 5 à 6 km/h), et les occupants ont eu le temps d'être évacués.

Mais trois jours plus tard, l'émotion est à son comble : la nationale se fissure, des fumées s'en échappent. Une coulée de lave se fraye un chemin par dessous, et jaillit par une bouche éruptive entre route et mer.

On n'avait jamais vu une éruption à si faible altitude. Journalistes et scientifiques se pressent sur les lieux pour capturer des images incroyables de ces monticules de lave (2 millions de m3) qui se déversent dans la mer bouillante pendant 8 jours, modifiant le profil de la côte entre la Pointe Delcy et la Pointe de la Table.

C'est un spectacle d'autant plus impressionnant que la nature n'a pas perdu de temps pour reprendre ses droits : la surface est déjà couverte de vacoas de plusieurs mètres de hauteur ! 

 

 

 

 

 

Nous sommes repartis pour nous arrêter à la Pointe du Tremblet. Il constitue l'extrémité Est du Rempart du Tremblet lequel délimite la partie sud de l'Enclos Fouqué, la dernière caldeira formée d'une ancienne coulée de lave émise par l'éruption du Piton de la Fournaise en avril 2007. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La route (RN2) est successivement coupée par les différentes coulées. Le contraste entre l’île verdoyante et la noirceur de la lave est, là aussi, assez fou. À chaque éruption volcanique, l’île s’agrandit. Et en voyant ces coulées, on comprend pourquoi. Lorsque l’on arrive du Sud, on tombe sur la coulée de lave de 2007 au détour d’un virage. Ce paysage est hallucinant ! Sur plusieurs dizaines de mètres de large, et encore plus en longueur, la traînée s’étend pour aboutir dans l’océan.

 

 

 

 

 

 

Coulée de 2007

 

 

 

 

Un peu plus loin, on tombe sur la coulée de lave de 2002. C’est assez amusant, car l’aspect n’est pas du tout le même. Alors que celle de 2007 est plutôt rocailleuse, la coulée de 2002 est plus lisse, avec une impression de coussins mis les uns sur les autres.

 

 

 

Coulée 2002

 

 

Sur plusieurs kilomètres, on a la possibilité d’observer les différentes coulées de lave. En revanche, peu de chance d'apercevoir le volcan. De nombreux nuages s’accrochent à son bord et il est difficile de le voir pointer le bout de son nez !

Ensuite, nous sommes remontés en voiture et dirigés vers l'Anse des Cascades sur la route de Sainte-Rose. L'Anse des Cascades est un site abritant un petit port de pêche et de multiples petites cascades coulant sur les falaises alentours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'Anse des Cascades est aussi une aire de pique-nique aménagée sous la splendide cocoteraie et très prisée par les familles. 

Un sentier permet de se balader au bord de l'Océan, il rejoint même le village de Piton Sainte-Rose en environ 2 heures.

En conclusion, le site est magnifique, on se retrouve entre océan et cascades, dans un écrin de verdure à la hauteur de ce que l'on attend dans l'Est de la Réunion. 

Pour terminer notre périple, nous avons fait une halte à Sainte-Rose qui est le point le plus à l'est de La Réunion. Le territoire communal est limitrophe de ceux de La Plaine-des-Palmistes, Saint-Benoît, Saint-Joseph, Saint-Philippe et du Tampon. Il est délimité par la Rivière de l'Est au nord et le grand Brûlé au sud. Le volcan actif du Piton de la Fournaise est situé en partie sur le territoire de la commune, qui est donc sujette à de fréquentes éruptions et coulées de laves, dont celle qui ensevelit une partie de Piton-Sainte-Rose en 1977.

Après avoir visité l'église de Notre-Dame-Des-Laves, nous sommes allés voir une exposition permanente "Mémoires des jours de feu" dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, expliquant l'éruption de 1977 grâce à des témoignages, des photos, des films et des journaux de l'époque.

L'éruption du Piton de la Fournaise en mars 1977 s'est déroulée dans et en dehors de l'Enclos Fouqué du Piton de la Fournaise, du 24 mars au 16 avril 1977. Cette éruption volcanique est marquée par une coulée de lave qui avance dans le village de Piton Sainte-Rose en détruisant plusieurs bâtiments avant de se jeter dans l'océan indien. 

Le contexte:

Le piton de la fournaise connait une accalmie de 5 mois avant que se déclenche l'éruption. C'est la première éruption hors Enclos du 20è siècle et elle sera suivie par une deuxième en 1986 et une troisième en 1998.

Le déroulement: 

L'éruption volcanique débute le 24 mars 1977 par l'ouverture de fissures volcaniques dans l'Enclos Fouqué, juste au-dessus de la plaine des Osmondes et sous le cône principal. Des fontaines de lave actives pendant quelques heures donnent naissance à des coulées de lave qui progressent dans la plaine des Osmondes et dans les Grandes Pentes. Début avril, le 5 ou les 7 et 8, une série de fissures volcaniques s'ouvrent cette fois-ci en dehors de l'Enclos, sur le flanc Nord-Est du piton de la Fournaise, sur les hauteurs de la commune de Sainte-Rose. Ces fissures donnent naissance à deux coulées de lave portées à températures d'environ 1 200 °C. L'une se dirige plein Est le long du rempart de Bois Blanc vers le village de Bois-Blanc mais s'arrête avant de l'atteindre. L'autre progresse vers le Nord-Est en direction du village de Piton Sainte-Rose qu'elle atteint le 9 avril avant de se jeter dans l'océan Indien tard dans la soirée, le 10 avril à 2 h 30 heure locale. Lors de ce premier passage, une partie du village est détruit. Le 13 avril, une nouvelle incursion de la lave dans le village détruit d'autres bâtiments. C'est lors de cet épisode que la lave entoure la gendarmerie, traverse la route nationale 2 et endommage à partir de 19 h 15 l'église du village, Notre-Dame-des-Laves, en l'entourant et brûlant son portail mais en n'y pénétrant quasiment pas. La lave continue sa progression jusqu'à l'océan qu'elle atteint vers 21 h 30.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'éruption se termine le 15 avril par le tarissement des fontaines de lave des fissures volcaniques.

Les conséquences:

L’évacuation préventive du village face à la progression de la lave fait qu'aucune victime n'est à déplorer. Cependant, les dégâts sont lourds car plusieurs bâtiments, comprenant 33 habitations et la gendarmerie, sont détruits tandis que d'autres sont endommagés telle l'église Notre-Dame-des-Laves. La route nationale 2 sera aussi coupée par la lave dans le village de Piton Sainte-Rose. De plus, la lave recouvre 290 hectares de terres cultivées.

Cette éruption a décidé les autorités et les scientifiques à créer l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise ouvert en 1979.

En face de l'église a été érigée le 1er septembre 2018, la statue "Métisse" en hommage à la coulée de 1977.

 

 

 

 

 

 

Cette statue de plus de 4 mètres de haut a été imaginée et modelée par 3 sculpteurs de Bois Blanc, non rémunérés pour ce travail racontant l'Histoire de la ville. Laurent Boyer, Olivier Gomar et Davis Leocady ont mis plus d'un an pour réaliser cette "Métisse" de plus de 6 tonnes. Elle représente une femme, mère de famille et très croyante avec sa croix autour du cou. On peut apercevoir des larmes qui coulent sur son visage, qui nous rappelle la douleur qu'ont vécue les Réunionnais pendant et après le passage de la lave. Une partie de son corps semble également brûlé, c'est pourquoi la statue a été installée au milieu des morceaux de lave séchés. 

Après la visite de l'expo permanente, nous avons pris la route de Saint-Benoît et avons fait un dernier arrêt au Pont Suspendu de la Rivière de l'Est avant de rentrer directement par la Plaine des Palmistes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce pont suspendu fut construit au 19è siècle. Mesurant 152 mètres, il était le pont le plus long du monde lors de sa livraison en 1894. Il enjambe le cours d'eau le plus dangereux de l'île. En effet, les crues de la Rivière de l'Est sont dévastatrices. Classé monument historique le 07 mai 2018, il n'est plus en service aujourd'hui. Il est fermé aux piétons depuis 2016, pour des raisons de sécurité. 

Un pont en béton, le pont actuellement utilisé, a été construit en 1979 un peu plus en amont. 

En voilà une journée bien remplie !!!